« Incompréhensible ». Le mot est de Wilfrid Maccari, l'entraîneur des arrières du Montpellier HRC. Irréel pourrait-on dire. Jamais cette année à l'extérieur le MHRC a été aussi dominateur dans tous les domaines.

Que ce soit en touche, en mêlée fermée, en relance, dans le jeu ouvert, partout quoi, les joueurs du président Pérez ont donné une leçon de rugby aux Grenoblois en première période. Et qui plus est contre le vent.

Mettant la main sur le ballon, évoluant au prés comme au large, les coéquipiers de Jérôme Vallée maîtrisaient leur sujet de la tête et des épaules. Comme lors du premier essai de Diomandé réalisé après une parfaite penal-touche à 5 m. Comme pour cet essai d'Ali Koko bonifiant un renversement de jeu petit côté de Jérémy Valls. Bref face à Eole et contre une équipe iséroise balbutiant son jeu (de nombreuses touches ratées) malgré les caches-misères des pénalités d'Aucagne et l'essai de Chazalet, Montpellier vira à 13-12 à la pause.

Et qu'on se le dise avec l'appui du vent, les Héraultais allaient occuper le terrain et voir venir. D'ailleurs cela ne manqua pas car dès la reprise après un subtil coup de pied par-dessus de Benazech, Stoïca profita d'une mésentente entre Faure et Carmona pour aplatir. 13-19 à la 43e. Ensuite ?

Plus rien mon général... Encéphalogramme aussi plat que Jane Birkin. Rien. Le vide. Placages ratés, ballons tombés inexplicablements, fautes à répétition, les Montpelliérains sont devenus méconnaissables.

Grenoble n'en attendait pas tant. Remontant tous les ballons à la main sous la direction d'Aucagne, les Isérois ont grappillé mètre par mètre. En conservant tous ses ballons et en récupérant ceux généreusement accordés par les Montpelliérains. Cela commença par trois pénalités de l'ouvreur isérois qui ramena le score à 22-19 pour ses troupes. Cela continua par un essai de Zakhata qui reçu une passe de Tiatia auteur d'un numéro de funambule le long de la ligne de touche au détriment de Denis Navizet.

Oh certes, il y a bien une possibilité de revenir au score sur ce raid d'Ali Koko bien servi par Bertrand Guilloux. Mais en supériorité numérique sur ce temps de jeu, le MHRC n'arriva pas à ses fins. Littéralement privés de ballon (cela devient alors difficile de taper des chandelles pour occuper le camp adverse), Montpellier recula, recula. Et quand Grenoble avance et que Montpellier recule comme veux-tu... gagner un match.

D'autant plus qu'Aucagne rajouta une pénalité (onze pour les Isérois en seconde période, une seule pour les Héraultais !) face à une formation réduite à treize (carton jaune pour Baïocco et Charrier). Carmona ne se fit donc pas prier pour aller briller entre les perches. A 37-19 cela commençait à ressembler à une petite correction. A 37-24 (grâce à un essai de rapine de Sébastien Logerot après un coup de pied par-dessus de Guilloux) l'écart était devenu un peu plus raisonnable.

Dans l'affaire, même si Montpellier a marqué les quatre essais nécessaires pour avoir le point "bonus", il semble plutôt que les joueurs de Nourault, Bès et Maccari en ont perdu quatre. En oubliant qu'un match de rugby se joue un peu plus qu'une mi-temps. En accusant un relâchement psychologique après l'essai de Stoïca. « Moi, je n'ai rien compris à la deuxième mi-temps », confiera Wilfrid Maccari dans les vestiaires. Les Héraultais disposeront d'une semaine pour tenter d'analyser ce trou et préparer la rencontre de samedi contre Auch. Son adversaire malheureux de la demi-finale Pro D2 d'il y a deux ans.



Philippe MALRIC