Grenoble est revenu de l'enfer. Dans les flammes d'un stade Dumas incandescent, le FCG a préservé son invincibilité au moment où on la croyait définitivement consumée par un CSLJ sur des charbons ardents. Face à des Lédoniens énormes de solidarité, cohérents dans la continuité de leur jeu et souvent dominateurs dans les phases de combat, le leader isérois n'a dû son salut qu'à l'opportunisme démesuré de Pardo.
On joue la 76e minute et une pénalité de près signée Mourier donne quatre points d'avance aux Jurassiens (21-17). Le stade Dumas explose, persuadé que les résistants lédoniens tiennent leur première victoire de la saison. Las. Le temps d'engager et le ballon revient dans les mains de Gagneret. L'ouvreur lédonien veut dégager mais est contré par la montée supersonique de Pardo qui n'a plus qu'à aplatir pour crucifier le CSLJ ! Lons tombe les armes à la main. Les yeux rougis, le coeur en détresse et les jambes en vrac
L'ombre d'un Dut
Et pourtant, dans ce match des extrêmes, on crut un instant que Grenoble allait planer sur les débats. Aphone et surtout à la faute, Lons offrit le premier quart d'heure à la botte de Dut (13', 0-9). Paradoxalement décomplexé par cette entame manquée, le CSLJ commençait alors à faire donner ses avants. Malheureusement, Mourier puis Gagneret loupaient deux pénalités en face des perches. Rien à voir donc avec cette nouvelle réussite de Dut, à 100 % à cet instant (0-12, 25').
Et puis soudain, l'irrationnel. À s'en frotter les yeux pour y croire. Débordant d'envie, le CSLJ conjugua alors sa force d'impact à une justesse technique impeccable. Dès lors, Lons put enfin enchaîner ses temps de jeu. Il lui en fallut cinq pour qu'un enchaînement Netani, Mutapcic, Pernot soit converti en essai par Gadoulet (32') ! Le délire pouvait débuter. À force de prendre des avants dans la figure, Grenoble concédait encore trois points par la botte de Mourier (40' 2). Bref, à la pause, tout Lons croyait à l'exploit (12-8), prenant volontiers le premier échec de Dut sur le poteau (40' 5) comme un signe
Une reprise de feu
Il flottait dans l'air comme un parfum d'exploit. La preuve. Lons démarrait à 2000 à l'heure. Le temps d'engager et Caselles filait sous les perches. Les charges de Netani, Pernot puis Mutapcic avaient dégagé la voie, la rapidité de la passe de Michel et la prise d'intervalle de l'ex-Oyonnaxien faisant le reste. Le FCG ne voyait plus le jour. Mourier signait non seulement la transformation mais enchaînait par une pénalité quelques minutes plus tard (47', 18-12).
Conscient du danger, le staff isérois fit alors donner son banc. Vojetta cuit, Pernot sur une jambe, Lons faisait front, gagnait du temps mais le métier de Grenoble allait parler. Celui d'Authier surtout. Rentré cinq minutes plus tôt, le demi de mêlée se faisait la malle petit côté, bien servi c'est vrai par la surpuissance de Ghvaberidze (59', 18-17). Michel gérait le temps, Lons donnait tout et s'offrait une pénalité de Mourier, ratée (70'), deux pénaltouches dans les 22, perdues (72', 74') Dut, heureusement, avait perdu de sa superbe (5/8 au final), mais les minutes défilaient. Horriblement longues. Jusqu'à ce final à pleurer. Ah si le CSLJ avait un buteur
Cyrille Brero
Lons 21
Grenoble 24
A Lons, stade Dumas: F.C.Grenoble Alpes bat C.S.Lons Jura 24-21. Mi-temps: 8-12 pour Grenoble.
Arbitre: M. Poulallier (Bourgogne) assisté de MM. Dufour et Chevallier. 2200 spectateurs environ.
Pour Lons: deux essais de Gadoulet (32') et Caselles (42'), une transformation (42') et trois pénalités de Mourier (40', 47', 76').
Pour Grenoble: deux essais d'Authier (59') et Pardo (77'), une transformation (77') et quatre pénalités de Dut (5', 7', 13', 25').
Cartons blancs: Bertrand (22') à Grenoble
> Lons: 1. Mutapcic (puis Vojetta, 78'), 2. Vojetta (puis Diabou, 53'), 3. Visser (puis Ney, 46'), 4. Godefroy (puis Bailly, 72'), 5. Farina, 6. Théodori, 7. Netani, 8. Pernot (puis Blanchet, 62'), 9. Michel (cap), 10. Gagneret, 11. Caselles, 12. Mourier, 13. Girard, 14. Gadoulet, 15. Romanet.
Remplacement temporaire: Netani par Blanchet (36' à 40').
> Grenoble: 1. Faihy, 2. Maignien (puis Ghabelidze, 48'), 3. Choirat (puis Fabro, 57'), 4. Ciofu, 5. Stuart (puis Seve, 66'), 6. Corodeanu, 7. Ollivier (cap) (puis Delmas, 33'), 8. Laurent, 9. Servien (puis Authier, 54'), 10. Dut, 11. Bertrand (puis Pardo, 33'), 12. Bruncher (puis Rave, 66'), 13. O'Sullivan, 14. Lucas, 15. Garnier.
> Réserves: Lons (B)-Grenoble (B) 11-11 (mt: 5-8). Pour Lons (B): un essai de Curnillon (20'), deux pénalités de Gidel (46', 59').
Ciofu : "Lons méritait la victoire !"
Yoan Ciofu (deuxième ligne
de Grenoble, ex-Lédonien)
J'avais prévenu mes coéquipiers que le match serait difficile, mais franchement, je ne pensais pas à ce point. Il faut être honnête, Lons méritait la victoire. Le CSLJ a une belle équipe, un vrai fonds de jeu. Je ne comprends ce qu'il fait là. Aujourd'hui, nous avions des absences, pas mal de jeunes. Ça se joue sur un coup du sort, tant mieux pour nous. Dans notre esprit, on veut tout gagner cette saison. Mais là, on a vraiment frisé la correctionnelle.
Laurent Faihy (pilier de Grenoble,
ex-Lédonien)
On aurait perdu, il n'y aurait rien eu à dire. Lons est complet dans le jeu, complet devant. Il ne lui manque qu'un buteur. Dans le combat, on a livré ici notre match le plus dur de la saison. Maintenant, ça se joue à rien. Perdre comme ça, ça doit être difficile et j'ai une pensée pour mes anciens partenaires.
Fabien Girard (centre du CSLJ)
Je ressens une énorme frustration. Le début de match ? Nous avions énormément de pression et ça s'est senti. Après, on s'est lâché, on a tout donné mais au final, on perd une nouvelle fois. C'est très dur mais il faut s'appuyer sur ce qu'on a démontré sur cette rencontre.
On tient notre match référence. En jouant comme ça, il n'y a pas de raison pour que les résultats ne suivent pas. La place du club est en Fédérale 1.
Kennane Mutapcic (pilier du CSLJ)
Aujourd'hui, on a été solidaires jusqu'au bout, le public nous a poussés. Malheureusement, ça se joue sur rien et on est une nouvelle fois déçu. Bouger Grenoble de la sorte est le signe qu'on a quelque chose à faire cette saison. En continuant à jouer comme ça, on va s'en sortir !
Florent Théodori (3e ligne du CSLJ)
Quand tu donnes tout et que tu perds comme ça, c'est vraiment dur ! Sur ce match, nous avons fait quelque chose d'énorme. Cette semaine, les choses ont été remises dans le bon sens en coulisses ; sur le terrain, tout le monde a tiré dans le même sens. C'est bien, il faut continuer comme ça. En tous cas, on ne lâchera rien !
